Vous étiez nombreux à abandonner vos familles un dimanche après-midi pour venir assister à la conférence de Dr Faustyna Mounis. Psychologue clinicienne, psychothérapeute, auteure de nombreuses publications sur le bilinguisme, elle même bilingue polonais – français et maman de quatre garçons bilingues, elle a su trouver les mots justes pour créer une ambiance de confiance.
En guise d’introduction, Mme Mounis nous lance un premier défi. Effectivement, il n’est pas facile d’échanger avec d’autres quand on ne maîtrise pas la même langue. La communication verbale étant la plus efficace, la psychologue nous a ensuite demandé de parler de notre vécu personnel afin de mieux cerner les attentes de chacun.
Que ressent un enfant face à une nouvelle langue quand il part vivre à l’étranger avec ses parents ? Comment se construit un enfant né de parents de migrants ? Comment aider son enfant à devenir bilingue sans que cela devienne un but en soi ? Comment l’aider à vivre son côté bilingue et biculturel sans oublier ses émotions ?
Afin d’éviter toute confusion, Mme Mounis nous cite la définition du bilinguisme selon François Grosjean, une autorité en la matière : le bilinguisme est l’utilisation régulière de deux ou plusieurs langues ou dialectes dans la vie de tous les jours. Les bilingues deviennent bilingues par besoin dans leur vie de tous les jours, de ce fait le degré de maîtrise des langues peut varier d’un individu à l’autre. Par ailleurs, il est très rare d’avoir un bilingue total, il y a très souvent chez les bilingues une langue dominante.
La conférence est très dynamique, Mme Mounis commence par une série de Vrai / Faux pour nous parler de nombreuses idées reçues concernant le bilinguisme :
– Non, un vrai bilingue ne parle pas parfaitement les deux langues, cela peut par contre donner un manque de confiance en soi
– Non, être bilingue n’est pas un phénomène très rare : le bilinguisme augmente partout dans le monde et il est de plus en plus courant. Ente 60 et 75% de la population mondiale est bilingue (Baker, 2000), les bilingues représentent donc une MAJORITÉ !!!
– Seul un individu qui a appris une langue enfant peut devenir bilingue ? Non, le bilinguisme est donné à tout le monde même s’il est plus facile d’apprendre une 2e (3e…) langue enfant grâce à une plus grande flexibilité du cerveau
– Non, le bilinguisme précoce chez l’enfant ne retarde pas l’acquisition du langage et non, les enfants avec des difficultés de langage ne devraient parler qu’une langue : le bilinguisme n’est en aucun cas la cause de troubles du langage mais parfois peut en cacher.
Le bilinguisme reste méconnu encore aujourd’hui et pourtant ses avantages sont très nombreuses, voilà de quoi motiver les parents :
– plus grande ouverture au monde
Le bilingue connaît deux cultures, il a accès à deux mondes dans lesquels il s’adapte sans difficulté
– multitâches
Les bilingues sont plus aptes à faire plusieurs activités à la fois. Ceci est dû au lobe frontal du cerveau qui travaille plus chez un bilingue et permet un plus grand contrôle cognitif des informations, ce qui facilite le passage d’une tâche à une autre
– une meilleure capacité de concentration
– gymnastique de l’esprit qui permet de ralentir l’évolution de la maladie d’Alzheimer
– facilités linguistiques
Le bilinguisme facilite l’acquisition d’une 3e langue
– plus grandes opportunités d’emploi.
Et notre enfant dans tout ça ? Comment faire pour qu’il y ait assez de temps pour les 2 langues, les 2 cultures ? Que peut-on faire pour réussir à transmettre notre langue d’origine à nos enfants quand on vit à l’étranger ?
Dr Mounis nous propose de nouveau un travail et les idées fusent : création d’un « village linguistique » afin de donner des occasions à parler le polonais en France, favoriser des activités en polonais avec nos enfants : jeux de société, temps de lecture, films. Favoriser les vacances en Pologne, stages , séjours chez des personnes qui ne parlent que le polonais afin que l’enfant se retrouve dans un bain linguistique sans avoir la possibilité de choisir quelle langue il a envie d’utiliser… tout est bon pour promouvoir le polonais sans dénigrer l’importance du français dans l’éducation de nos enfants.
Nous n’avons pas vu le temps passer, et pourtant la conférence a duré plus longtemps que prévu.
Ce fut un plaisir de vous avoir rencontrée, Faustyna, vivement la prochaine fois pour approfondir le sujet encore plus et échanger nos expériences de parents bilingues, de parents d’enfants bilingues. Merci !